Mise à l’eau
Aujourd’hui nous sommes le 20 août, et avec une semaine d’avance c’est le jour de la mise à l’eau de notre voilier. Quel chemin parcouru pour en arriver jusque là ! En Mars j’arrêtais de travailler, en avril ai effectué mon premier stage de voile dans les anglos normandes avec les Guides du Grand Large puis en mai mon deuxième avec le CCS Genève. En parallèle du suivi de chantier, je passais la théorie du permis lac. Fin Juin, tout a commencé à s’accélérer, entre le départ de Suisse à organiser, revoir une dernière fois tous les amis et la famille, vider l’appartement, vendre et donner nos affaires, résilier l’ensemble des contrats et abonnements. Mais aussi passer la théorie du permis mer, puis la pratique du permis lac à l’école de voile de Vevey, et pour terminer le certificat de radio-communication !
Enfin, le 14 août, je rendais l’appartement, puis avec la voiture de mes parents pleine à craquer du reste de mes affaires, je me rendais direction Cherbourg pour assister à la dernière semaine de finition avant livraison. Quitter toute sa vie, son appartement, ne plus avoir de meubles, d’affaires qu’on traine durant des années, de contrats de tout et de rien, arriver dans le premier hôtel disponible avec trois sacs à dos… quelle sensation de légèreté !
Après plusieurs mois de chantier, la soudure aluminum à Condé, les aménagements à Cherbourg, la livraison approche enfin. Ayant suivi la construction mois après mois, le travail est impressionnant. Que ce soit à Condé ou à Cherbourg, les équipes ont fait un travail impressionnant. De mon côté, je me sens entre impatience et appréhension de cette nouvelle vie.
Lundi 17 Août, c’est un chantier « en vacances » que je retrouve, enfin je dirais plutôt en effectif réduit. L’ambiance est différente, plus détendue, plus chaleureuse, le contact se fait plus facilement. J’ai pu assister aux dernières retouches, de la mise en place du mât, du gréement, des voiles, mais aussi mieux faire connaissance avec celles et ceux qui se sont attelés à la tâche sur Wallis. Un moment fascinant. Les protections sont enlevées au fur et à mesure, les tissus choisis sur catalogue apparaissent, le mobilier se dévoile, la lumière entre. Le bateau prend vie, petit à petit, et passe d’un bateau de chantier à celui que nous avions imaginé !
Jeudi 20 août, c’est le grand jour. Le transport jusqu’au port est un moment unique, très émouvant. En suivant le convoi, je repensais à tout ce chemin parcouru. Mon parcours personnel depuis les premiers jours certes, mais aussi à tout ces gens sans qui ce moment n’aurait pu exister. Cela va des personnes qui m’ont inspiré depuis mon enfance en me faisant rêver, ceux qui ont été découragés puis se sont remis à espérer, ceux qui ont réussi à rendre possible l’impossible juste parcequ’ils y ont cru.
Je pensais à toute l’équipe du chantier qui a fait un travail précis et passionné, en s’impliquant comme si c’était leur propre bateau. Des gens tous différents, tous intéressants, avec chacun leur histoire, qui se sont retrouvés à travailler ensemble sur ce voilier. De pouvoir passer des moments avec eux, sur le chantier et à côté, de connaître leurs visages, leurs prénoms, même certaines de leurs histoires, parfois leurs rêves, aura donné une âme au bateau. C’était important pour moi.
Il s’en passe dans la tête en quelques centaines de mètres de convoi ! Nous arrivons sur le lieu de la mise à l’eau. Un énorme lift nous attendait, surdimensionné. Tant mieux, les photos seront à la hauteur de l’événement ! Ils installent les sangles, les ajustent, et lentement le bateau prend son envol. Une fois soulevé de sa remorque, les dernières touches sont apportées sous la coque, principalement au niveau de la dérive.
Le voilier est ensuite lentement amené jusqu’au quai. Après quelques instants à l’admirer, nous montons dessus et vivons ainsi ses derniers instants de terrien. Car une fois à l’eau, la sensation est hallucinante. Il s’éveille. Etre dessus, le voir flotter, sentir le mouvement de vagues… il a trouvé son élément.
Un petit tour dans la rade de Cherbourg pour regarder si tout fonctionne. Le temps de prendre la barre un court moment, puis retour au ponton où il passera la nuit.
Le lendemain, je prendrais possession du bateau à midi, quittant ainsi la vie telle que je l’ai toujours connue en ouvrant les bras à un avenir inconnu.
Jacques - un vieux pote à JP
9 septembre 2015Julian, je suis à la fois séduit et impressionné par la maturité que ton envie a créée.
La transformation d’un simple rêve d’enfant en une aventure humaine ‘pour de vrai’ montre que cette maturité a atteint son régime de croisière.
Et je suis heureux et fier de l’avoir rencontrée un jour dans sa phase de fabrication.
Tu as trouvé ton nuage, un sacré nuage, et tu vas pouvoir voler !
Julian
13 septembre 2015Bonjour Jacques, quel plaisir de lire ton message et d’avoir de tes nouvelles. Je me souviens encore de tes visites à Nernier, au Roc, puis nombreuses à Boréal (sans compter celles aux concert de Marcel Mazout !). Merci pour ton commentaire très touchant, et puis en espérant te croiser sur ce nouveau chemin !
Roro
15 septembre 2015« Le transport jusqu’au port est un moment unique, très émouvant. »
Dans un tout autre contexte que tu sais, j’ai vécu la mise à l’eau de mon « MarshMallow » et
c’est vrais, que de partir d’un rêve de gosse qui à débuté à l’âge de 8 ans, et le voir se dérouler devant soi, donne une sensation bizarre, bestiale, un poil sur-réaliste comme si on se retrouve entre un rêve et la réalité, et que les deux tout d’un coup se salue mutuellement et toi, au milieu, ne sachant qui croire ou que faire…
De nos premiers « ou biennnnnnnnn » à ça, bien joué mec, t’es un exemple 😉
Bon vent sur ton nouveau terrain de jeux que sont les océans!